Depuis une vingtaine d'années, on entend parler de jachère apicole. De quoi s'agit-il ?
Incontestable ressource en pollen, la jachère apicole constitue un moyen d'enrayer la baisse de la production de miel, liée à la disparition inquiétante de l'abeille domestique. Petit guide sur une pratique relativement récente.
Jachère apicole : présentation
La jachère apicole peut également être dénommée jachère pollinique ou jachère mellifère. Le principe : implanter sur des parcelles de terre considérées comme non productives des végétaux riches en pollen et en nectar. Autrement dit, une ressource alimentaire qualitative pour l'abeille domestique et bien d'autres insectes pollinisateurs.
Les premières jachères apicoles ont été testées en 1992 à la suite de l'instauration du gel des terres : plus d'un million d'hectares furent alors écartés de l'agriculture. Dans le même temps, les fédérations de chasseurs utilisèrent une partie de ces espaces non cultivés pour nourrir et loger la faune sauvage. À cette époque, les jachères apicoles et les JEFS (jachères environnement et faune sauvage) étaient peu nombreuses et assez méconnues du grand public.
Depuis les années 2000, les jachères apicoles sont moins confidentielles, mais le taux de gel obligatoire des terres ayant été ramené à zéro, les cultures ont repris de plus belle jusqu'en 2010. Les agriculteurs ont alors été encouragés à laisser libres quelques hectares au profit de la jachère apicole, dont l'impact est positif sur l'environnement.
Bon à savoir : toutes les régions françaises ne pratiquent pas encore la jachère apicole dans les mêmes proportions. La jachère mellifère est pour l'heure plus fréquente dans l'Est que dans l'Ouest.
Réglementation de la jachère apicole
L'efficacité de la jachère apicole a fait l'objet d'une prise de conscience, certes tardive mais réelle. Elle est désormais soutenue par le ministère de l'Agriculture et, depuis 2013, réglementée : les agriculteurs doivent laisser 4 hectares de couvert apicole sur 100 hectares de terre.
Le mélange idéal à semer sur les jachères mellifères n'a pas encore été précisément déterminé par les spécialistes. Bien entendu, il dépend en partie :
- des conditions climatiques locales ;
- des qualités du sol dans lequel il est ensemencé.
Bon à savoir : des expérimentations sont menées dans différentes régions de France afin de déterminer les meilleurs mélanges de semis pour améliorer l'état de santé des abeilles tout en étant utiles à d'autres espèces animales.
Objectifs de la jachère mellifère
La jachère apicole sert donc de couvert aux abeilles et aux autres insectes pollinisateurs. Mais certains agriculteurs souhaitent, à raison, que les jachères apicoles puissent simultanément remplir d'autres objectifs :
- augmenter le taux de matière organique ;
- favoriser la biodiversité locale de la faune microbienne, la faune sauvage et la flore ;
- améliorer les qualités structurelles du sol ;
- agir efficacement contre l'érosion.
Bon à savoir : la jachère apicole ne peut être réussie que si apiculteurs, agriculteurs et pouvoirs publics agissent en synergie. En 2012, l'urgence d'un plan Marshall avait été révélée pour mettre fin à la crise apicole. Malgré les moyens mis en œuvre, les mauvaises conditions climatiques de 2014 n'ont fait qu'aggraver le bilan déjà déplorable du cheptel apicole. Début 2015, la filière apicole était en danger.
Quelles plantes pour une jachère apicole ?
Pour permettre aux abeilles de se nourrir convenablement et donc de rester en bonne santé, il est nécessaire d'opter pour la variété des espèces végétales.
Une jachère apicole peut donc être ensemencée de :
- sainfoin ;
- lotier ;
- phacélie à feuilles de tanaisie ;
- trèfle des prés (préférable au trèfle hybride, qui supporte difficilement la sécheresse) ;
- trèfle rampant ;
- trèfle incarnat.
Autre jachère intéressante, la jachère fleurie constituée par exemple de :
- coquelicot argémone ;
- phacélie ;
- bleuet horticole ;
- chrysanthème des moissons ;
- nielle des blés ;
- Zinnia ;
- pavot de Californie ;
- cosmos, etc.
Bon à savoir : la jachère apicole doit convenir non seulement aux abeilles mais également à de nombreux insectes qui assurent tout autant la pollinisation. Or tous ne sont pas attirés par les mêmes plantes. De plus, une jachère mellifère a aussi une fonction biologique, ce qui implique qu'elle permette un parfait équilibre entre des espèces considérées comme nuisibles et leurs prédateurs.
Pour approfondir le sujet :
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- Le point sur l'agriculture raisonnée.